L’activité d’ALTHEA, relatée chaque année dans le rapport d’activité, s’inscrit plus largement dans une actualité sociale, économique et politique qui donne un éclairage essentiel aux fonctionnement et orientation de l’association.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. »
Albert Camus – Ecrivain 1913-1960
2023, année la plus chaude
En enregistrant des températures hors normes, l’année 2023 est l’année la plus chaude selon l’Organisation Météorologique Mondiale.
Et ce n’est pas qu’un constat au sens propre. En effet, au sens figuré, cette année 2023 s’est avérée chaude, voire brûlante, tant les conflits politiques, géopolitiques, sociaux, humanitaires, ont émaillé ces douze mois et impacté de façon plus ou moins importante l’Activité d’ALTHEA.
La réforme des retraites
Janvier 2023, Elisabeth Borne présente son projet de réforme des retraites prévoyant le report de l’âge légal de 62 à 64 ans ; elle utilisera le 49.3 à neuf reprises pour faire passer cette loi en avril malgré une large mobilisation des Français.
La Russie poursuit son escalade
En envahissant l’Ukraine en février 2022, La Russie déclenche l’une des plus grandes vagues migratoires depuis la seconde guerre mondiale ; l’Etat français, dans le cadre de la politique du logement d’abord, renforce le dispositif IML (intermédiation locative) afin de créer des places d’hébergement dédiées pour accueillir les familles ukrainiennes. Ce contexte géopolitique en tension crée un effet inflationniste qui impacte particulièrement les personnes les plus vulnérables.
Le projet de Loi Immigration
Très controversé, ce projet de loi « Contrôler l’immigration et améliorer l’intégration » interroge tout particulièrement les acteurs du social qui en font une lecture plus fine, et crée de nombreux questionnements et incertitudes au sein d’ALTHEA.
Les Restos à la peine
Aujourd’hui, on n’a plus le droit d’avoir faim ni d’avoir froid… et pourtant, 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Les associations caritatives poussent un cri d’alarme « ça craque de partout ! ».
Dans ce contexte, le travail social trouve tout son sens et l’engagement des professionnels reste fort auprès des publics les plus fragiles prioritairement touchés par ces évolutions.
2022 : souffler n’est pas jouer
On espérait pouvoir reprendre son souffle en 2022, après deux années d’apnée imposées par la crise du Covid. Mais il n’en fut rien : guerre en Ukraine, vagues migratoires, inflation, droits de l’Homme bafoués, planète en surchauffe, 2022 offre son lot de difficultés dans lequel le travail social trouve tout son sens tant elles impactent prioritairement les publics les plus fragiles.
L’actualité internationale et en particulier la guerre en Ukraine crée un climat d’insécurité, génère des répercussions inflationnistes qui impactent notre activité et le quotidien des personnes accompagnées.
Dans ce contexte d’inflation, la maîtrise des coûts de l’énergie devient une priorité et malgré la mise en place du bouclier tarifaire, on ne peut que constater l’impact de cette augmentation sur la gestion de notre CHRS (et son parc de logements) mais également sur la gestion du budget des familles accompagnées.
La santé devient un axe central et le travail partenarial prend tout son sens. Si l’alimentation reste un levier santé évident, elle offre aussi, par la mise en place de partenariats diversifiés (Episol, Banque Alimentaire) la possibilité d’atténuer les difficultés liées à l’augmentation du coût de la vie.
« Il faudra loger tout le monde dignement. » : E. Macron est réélu et ses promesses du premier mandat reviennent à l’esprit de chacun : « Plus personne ne dormira à la rue en 2017 » ; le travail social déchante.
2021, « ne vois-tu rien venir » ?
« Je ne vois que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie. » À l’instar de Charles Perrault, les Français sont dans l’expectative et cette attente traduit à la fois l’espoir de jours meilleurs et la crainte que le temps ne s’étire et ralentisse leurs projets.
Delta, lambda, beta et autre omicron : vaccination, confinement, masque, pass sanitaire… Les Français s’agacent, les soignants s’épuisent.
La détresse des plus fragiles :
• Kaboul repasse aux mains des talibans ; l’éducation pour les jeunes filles est remise en cause. Le port de la Burkha se durcit. 2600 réfugiés Afghans sont exfiltrés vers la France.
• Dans un même temps, un naufrage meurtrier dans la Manche au large de Calais emporte 27 migrants qui tentaient de rejoindre les côtes britanniques.
14 millions d’euros : depuis deux ans, le sujet de la prostitution des mineurs est inscrit dans l’agenda médiatique et politique ; un rapport fondateur dresse un état des lieux de la prostitution des mineures dans toutes ses dimensions. Le gouvernement lance un plan interministériel de 14 millions d’euros pour lutter contre ce phénomène.
2020 : élue « pire année de tous les temps » par le magazine TIME
Cette année 2020 aura été marquante à bien des égards. L’apparition d’un nouveau virus SARS-COV-2 (Covid-19) bouleverse tous les repères de nos sociétés occidentales et vient complexifier l’accompagnement des publics les plus fragiles.
« Un jour sans fin », c’est ce que semble vivre le personnel hospitalier qui s’engage dans une course contre la montre pour tenter de faire face à cette épidémie massive, enchainant les gardes, différant ses congés, conscient d’être confronté à l’exceptionnel.
La solidarité au sens large : c’est une nouvelle forme d’entraide et de solidarité sociétale qui s’organise, dépassant les missions des acteurs traditionnels. On voit émerger des initiatives innovantes : livraisons de repas pour les soignants, démarches d’aller-vers organisées par de nouveaux bénévoles à destination des publics fragiles (écoute, soutien, colis alimentaires, kit gel-masques).
Huis clos : le confinement et cette période hachée pauvre en relations sociales font le lit des violences domestiques. Si 2020 voit l’avènement de la mise en place du bracelet anti-rapprochement, le début de l’année reste marqué par de terribles faits divers de violences conjugales.
Jaune, blanc, rouge, bleu, les couleurs de la révolte d’une société fragilisée
Rouge : la nette augmentation des violences faites aux femmes accélère la tenue du Grenelle et le 18 décembre, le Parlement adopte une proposition de loi visant à renforcer les mesures de protection.
Blanc : il faut sauver l’hôpital public. Le personnel hospitalier tire la sonnette d’alarme d’un hôpital à bout de force ; plus de 200 médecins démissionnent de leurs fonctions administratives et de nombreux suicides de praticiens et d’étudiants sont recensés.
Jaune : le mouvement des gilets jaunes revendique la fin de la vie chère, des privilèges, de la verticalité du pouvoir. Des étudiants font écho de leurs souffrances et de leurs difficultés à mener leurs études.
Bleu : alors que le rassemblement national RN est arrivé en tête des élections européennes le 26 mai 2019 avec 23 % des voix, Emmanuel Macron annonce le 6 novembre la mise en place d’un quota d’immigrés par métiers et un délai de carence de 3 mois pour la prise en charge des soins des demandeurs d’asile.
Renouveau du langage présidentiel et concepts associés
Une sémantique : « Make our planet great again », « Les gens qui ne sont rien », «… et en même temps », « carabistouille »… Ces expressions sont déjà célèbres mais au-delà des formules chocs, Emmanuel Macron a renouvelé le langage présidentiel à coup de concepts, de mots rares et de vocabulaire entrepreneurial.
Un volet social : Emmanuel Macron s’intéresse aux défavorisés, participe à des maraudes avec le SAMU social et souhaite promouvoir une loi anti pauvreté.
Les démissions : Gérard Collomb (ministre de l’Intérieur) à l’origine de la circulaire ministérielle de 12 décembre 2017 qui pose par écrit le « dispositif de contrôle des personnes étrangères au sein des hébergements d’urgence » donne sa démission. Il est suivi par Nicolas Hulot (ministre de la Transition écologique et solidaire) quelques mois plus tard.
Les élections présidentielles
7 mai 2017 : l’élection présidentielle donne la victoire à Emmanuel Macron, candidat du mouvement politique En Marche, élu avec 66% des voix. C’est la dimension « moralisation de la vie publique » qui retient l’attention des médias et est portée au-devant de la scène comme pré-requis à la mise en place d’actions pour la nation.
Les plus démunis : le nouveau président évoque la prise en charge des plus démunis (Sciences & Avenir sept. 2017) et visite un CHRS pour mères isolées à Toulouse. On entend parler de « logement d’abord », « d’hébergement pérenne »… On entend « humanité » et « espoir solidaire ».
Le nouveau monde selon G. Collomb se dessine à l’aune de la circulaire du 12 décembre 2017 qui prévoit un dispositif de contrôle des personnes étrangères au sein de l’hébergement d’urgence.
Passage de relais
5e république, une première : François Hollande annonce, lors d’une allocution télévisée, qu’il renonce à se présenter pour un second mandat à la tête de l’État.
Jungle de Calais : la situation des migrants en France préoccupe les citoyens ; « la jungle » de Calais est démantelée, 10 000 migrants sont orientés en centres d’accueil et différents camps aux normes humanitaires sont ouverts sur le territoire.
International : Donald Trump est élu président des États-Unis.
Europe : l’Angleterre vote POUR le Brexit. Un accord sur les migrants est passé entre la Turquie et l’Union Européenne : il prévoit que les migrants irréguliers débarqués en Grèce soient renvoyés vers la Turquie.
2015 dans le rétro
2015 est marqué par une vague d’atrocités et l’attentat de Charlie Hebdo fige toute une nation dans la stupeur et l’effroi. Une marée humaine record de plus de 3,7 millions de personnes défile dans toute la France en soutien avec l’équipe de Charlie.
Un accord sur les retraites complémentaires est entériné : les Français devront travailler plus longtemps ; parallèlement Manuel Vals crée la prime d’activité destinée aux travailleurs les plus modestes.
La France se dit prête à accueillir 24 000 réfugiés sur les deux prochaines années, sur les 120 000 que la Commission Européenne a proposé d’accueillir dans les États membres. Des vagues de mobilisation humanistes viennent percuter des positions anti-immigration et soulignent l’urgence d’une réflexion sociétale.